
( AFP / FABRICE COFFRINI )
Nestlé Waters a été sanctionné en Suisse pour l'utilisation de filtres à charbon actif sur sa marque locale Henniez, le procureur général du canton de Vaud lui ordonnant de payer une pénalité de 500.000 francs suisses (534.439 euros).
Dans un communiqué publié mercredi, le ministère public de ce canton — où se trouve la source de la marque Henniez — a reproché à Nestlé Waters d'avoir "induit les consommateurs en erreur" en maintenant l'appellation "eau minérale naturelle" sur les bouteilles produites entre 2008 et 2022.
Le procureur général du canton de Vaud a estimé que, "ce faisant", l'entreprise a obtenu des avantages économiques en ne respectant pas ses obligations légales en matière d'étiquetage.
"Nous acceptons le jugement et nous exprimons notre regret à l'égard de cette situation du passé", a réagi une porte-parole de Nestlé Waters, contactée par l'AFP.
"L'eau minérale Henniez peut - et a toujours pu – être bue en toute confiance, et sa composition minérale unique, comme indiquée sur l'étiquette, a toujours été préservée", a-t-elle ajouté.
En France, les eaux en bouteille de Nestlé, qui englobent notamment les marques Perrier, Hépar et Contrex, sont au cœur d'un scandale depuis début 2024 concernant l'utilisation de procédés de micro-filtration. Interdits pour les eaux minérales, ces procédés ont été utilisés par plusieurs minéraliers, dont Nestlé, avaient révélés le journal Le Monde et la cellule d'investigation de Radio France.
Le quotidien suisse Le Temps avait révélé peu après que Nestlé Waters avait aussi recouru à un procédé de filtrage dans son usine en Suisse pour la marque Henniez.
- Installation retirée -
Les installations de filtrage à charbon actif dans cette usine avaient été découvertes en mai 2020 lors d'un contrôle réalisé par l'autorité locale de surveillance. Certains traitements étant permis, elle avait alors recommandé à Nestlé Waters de demander une dérogation auprès de l'office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (Osav).
Cette dérogation avait été refusée, Nestlé Waters se voyant donner jusqu'à fin 2022 pour retirer cette installation de filtrage dans cette usine, une inspection en mars 2023 attestant qu'elle avait bien été enlevée.
Mais l'autorité de surveillance avait ensuite adressé une dénonciation au ministère public vaudois en avril 2024, lui reprochant entre autres d'avoir enfreint la loi sur les denrées alimentaires "en cachant" initialement aux autorités de contrôle l'utilisation de ce procédé de filtrage, retrace le communiqué du ministère public.
A l'issue de son instruction, le procureur général vaudois "a condamné la société au paiement d'une créance compensatrice d'un montant de 500.000 francs", précise le communiqué.
Ce montant tient compte de "circonstances particulières", souligne le communiqué, notamment du fait que l'eau produite n'a "présenté aucun danger pour les consommateurs" mais aussi de "l'entière et parfaite collaboration" de Nestlé Waters durant la procédure.
En 2024, les marques d'eaux de Nestlé ont généré un chiffre d'affaires de 3,2 milliards de francs suisses (3,4 milliards d'euros à taux actuels).
Henniez est une marque liée à une source connue depuis l'Antiquité qui tire son nom d'un citoyen romain appelé Ennius. Une première usine d'embouteillage avait été créée dans cette station thermale en 1905 par la Société des bains et eaux d'Henniez.
Nestlé en avait pris le contrôle en 2008, déboursant alors 155 millions de francs suisses pour s'en emparer.
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